Antoine Pourin, vous êtes coach à la HDN Academy. Comment concevez-vous votre rôle d’enseignant ? Qu’est-ce qu’un bon enseignant de tennis, selon vous ?

Nous, coachs, avons une chance incroyable. Nous avons un métier dans lequel nous vivons de notre passion. Le coach est un guide. C’est lui qui indique le chemin, fixe les règles et amène le joueur, le groupe dont il a la charge au succès.Qu’il le veuille ou non, le coach dirige, influence et laisse son empreinte sur le travail qu’il effectue avec un groupe, un joueur, un club. Sa responsabilité est grande car selon les décisions qu’il prend, selon la façon dont il adapte son discours, selon ses choix techniques, tactiques et physiques il pourra sublimer ou au contraire détruire son joueur. De ce fait, en tant que coach, on a le devoir de dégager une image professionnelle irréprochable: arriver toujours à l’heure, ne pas ou peu utiliser son téléphone sur les courts, ne pas fumer devant les adhérents, avoir un discours positif et parler positivement de son club, des bénévoles, des adhérents. Je veux insister maintenant sur la motivation des coachs. Nous savons tous que la position des coachs dans les clubs est difficile. Trop souvent nous sommes frustrés de ne pas pouvoir aller au bout de nos idées, de se sentir incompris par le bureau, par nos collègues. Le tennis évolue et a besoin de nous ! Nous sommes les premiers acteurs de la réussite de nos élèves, nous sommes en première ligne lorsque nos élèves nous regardent avec des étoiles dans les yeux, lorsqu’ils viennent nous voir en nous donnent leurs résultats, classements… Focalisons -nous sur toutes ces choses positives, sur cette passion qui fait que nos élèves nous regardent avec admiration, avec l’envie de nous rendre fiers, de nous montrer ce dont ils sont capables.

Vous êtes enseignant dans une académie connue et reconnue, vous amenez vos jeunes en tournois. Les juges-Arbitres vous voient, vous connaissent, les présidents des autres clubs. Vous devez donc être attentif toujours attentif à l’image que vous renvoyez ?

L’enseignant est l’image de son club, bien entendu. Il doit en permanence faire attention à ce qu’il dégage, à ce qu’il exprime, à son humeur qui doit toujours être bonne au club! L’image est également et fortement due à ce que l’on porte: la communication non-verbale est 93% de la communication, c’est pourquoi il est obligatoire que tous les coaches sous contrat respectent les marques qui les sponsorisent et jouent le jeu au maximum. Un coach qui est habillé de la tête au pied de la même marque, qui aura la raquette du sponsor du club avec le logo de la marque dessus aura au premier abord plus de crédibilité et d’attention qu’un bon entraîneur qui ne fait pas attention à son image. Là dessus, le coach a un énorme rôle à jouer comme sur le fait de vendre le matériel le plus adapté à chacun de ses élèves. J’en profite pour faire un clin d’oeil à toute l’équipe de Tecnifibre qui fait un travail formidable au sein des clubs et qui est véritablement proche des enseignants de tennis.

Comment parvenez-vous à gérer les moments de tension qui ne manquent pas d’arriver puisque vous avez en charge des jeunes, et parfois des joueurs qui ont, disons, du caractère ?

En tout état de cause, le coach doit être celui qui prend du recul, celui qui pèse ses mots, qui contrôle ses frustrations, ses réactions. C’est vrai, que, parfois, le recul est difficile à prendre car ses nerfs sont mis à rude épreuve ! C’est lui qui est à la croisée des chemins entre l’individu, le groupe, les parents, les espoirs et qui est là lors des victoires et des défaites. Il est dès lors le réceptacle des émotions des joueurs, du groupe, dont l’attitude peut parfois être variable ; c’est lui qui reçoit le discours des parents, avec lesquels il doit dialoguer pour être à l’écoute du projet des jeunes. Et, bien sûr, lors du jour J, le jour des matchs, c’est lui qui vit l’événement avec son joueur, qui doit faire le bilan, et poser les choix tactiques avec son élève. Cela fait beaucoup à gérer. Pour éviter de perdre le contrôle, de passer ses nerfs lorsque l’on suit un joueur ou à l’entraînement, le coach ne doit jamais agir sous le coup de l’émotion. Il doit prendre le recul nécessaire et toujours agir à froid afin d’être le plus juste possible pour faire passer le message qu’il souhaite.

Comment faites-vous passer ces messages ?

Un bon coaching passe par une bonne communication. Le coach doit adapter son langage corporel, son vocabulaire, le rythme et l’intonation de sa voix, à chacun. On ne mesure pas toujours le poids des mots ou de son langage non verbal. On est même parfois loin de s’imaginer l’effet qu’ils produisent sur notre interlocuteur. Notre discours doit toujours être adapté à l’événement, à la personne ou au groupe que vous avez en face. Parfois il faut savoir redonner confiance, d’autre fois provoquer ou réconforter. Il faut adapter son discours en fonction de ce que traverse le joueur, des objectifs à atteindre, et de l’effet escompté.

Comment arrivez-vous à raisonner un joueur, à entrer dans son monde pour qu’il vous écoute ?

Il n’y a pas de remède miracle pour tous, pas de carte du monde plus vraie ou plus réelle qu’une autre. Il y a des représentations différentes, plus ou moins détaillées, plus ou moins précises. Dans un conflit, chercher à savoir qui a raison est peine inutile,… puisque chacun a raison … dans son vécu. Chacun interprète ce qui lui arrive en fonction de son expérience, sa culture, son éducation, ses idées etc. En fait, ce n’est pas la réalité qui nous limite, mais l’idée que nous nous faisons des choses. Le rôle du coach sera ici de rentrer dans le monde de son joueur, de comprendre son fonctionnement, de déterminer son type de jeu, ses qualités, ses faiblesses, ses aptitudes physiques et sa psychologie. Il ne pourra réellement agir qu’en appréhendant le monde intérieur de son joueur.

Quelles sont les particularités de votre approche à la HDN Academy ?

Nous partons du principe que chaque joueur représente une trajectoire, un chemin différent. Et possède des bases techniques, une morphologie, une culture, une psychologie propres. Donc on discute avec le joueur afin d’établir son « identité » de jeu, de trouver un point d’équilibre qui tienne compte de tous ces paramètres et de ses envies. C’est seulement à partir de cette démarche que l’on organise le travail.

Nous faisons également attention à ce que les coachs se forment, progressent et soient heureux d’aider chaque jour tous ces jeunes travaillant d’arrache-pied pour aller conquérir leurs rêves. C’est pourquoi nous avons créé un module de pré-formation au DE JEPS. Ici, chaque « apprenti coach » bénéficie d’un suivi personnalisé avec une programme qui correspond parfaitement à ses demandes : montée à 15/2 en 1 ou 2 ans, travail sur l’organisation des séances, sur le savoir-être, examens blancs pour préparer les tests de sélection… Tout est mis en œuvre afin que le stagiaire réussisse les tests de sélection mais surtout, qu’il garde toujours dans son cœur son passage aux Hauts de Nîmes quelle que soit la durée de aventure parmi nous !